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Date de création : 03.03.2007
Dernière mise à jour : 28.02.2021
696 articles


Le 135e au front en septembre 1914

Publié le 13/06/2008 à 17:00 par clemenceaudupetitmoulin Tags : clemenceau billon 135eri 1418 josephclemenceau montrevault
Le 135e au front en septembre 1914

Photo-carte envoyée par Joseph Clemenceau à ses parents à Montrevault :

"Terribles effets de notre merveilleux "75" (1).

Dernière carte, en bas de page, non datée. Archives "Clemenceau de Billon (2)".

 

Angers 3 septembre (2)

 

Chers parents

 

Deux mots seulement nous partons d'Angers, maintenant il faudra mettre mon adresse

comme suit 28ième Cie.

Bon courage et bonne santé.

Bonjour à tous si nous ne revenons pas ni l'un ni l'autre ce que je ne crois pas vous

pourrez prendre une de mes cousines pour vous soigner plus tard (3).

Mais espérons que nous reviendrons tous les deux.

Convenu comme je vous ai dis dans ma précédente.

Bonjour à tous les voisins et amis.

Si je suis quelque temps sans écrire ne soyez nullement inquiet.

Je taperais dedans sans pitié si je n'en tue pas ce ne sera pas de ma faute.

Je suis chef d'escouade pour le moment.

 

Joseph Clemenceau

 

Votre fils qui vous embrasse de tout coeur (écrit au recto de la carte).

 

19 septembre 1914 (cachet de la carte).

 

Chers Parents

 

Jusqu'à cette heure j'ai pu vous écrire aussi je l'ai fait.

Il fait un temps lamentable depuis 5 ou 6 jours il tombe de l'eau jour et nuit.

Le canon ne cesse guère de tonner à côté de nous l'ennemi est dans un véritable camp

retranché d'où il n'est pas facile à déloger il va falloir des sacrifices et beaucoup de

victimes avant qu'il n'en soit parti.

 

Ce 135 a beaucoup souffert ainsi que tout le 9ème corps c'est bien terrible car il va

falloir y aller a la baïonnette et Dieu sait combien il en tombera de nous, enfin a la

grâce de Dieu.

 

J'ai pu avec beaucoup de peine me procurer un morceau de flanelle pour me faire un

cache-nez mais c'est surtout du froid que je souffre le plus car nous couchons dehors depuis

8 jours et la boue passe par dessus nos godillots pour voir ce que c'est il faut y être.

 

Quand à vous j'espère que cela marche bien, s'il pleut comme ici vous ne devez pas

manquer d'herbe et de légumes, les vendanges vont venir vite désormais seulement il

commence a faire froid toujours dans l'est.

Je rejoins le 135ème ce soir.

Je ne reçois pas de vos nouvelles je serais heureux maintenant.

 

Je vous embrasse bon courage et bonne santé ainsi qu'aux voisins et amis et aux parents

 

Votre fils qui vous embrasse bien fort et de tout coeur.

 

Joseph Clemenceau chef d'escouade...

 

 

Chers Parents

 

Comme je vous l'ai promis j'écris chaque jour que je le puis.

C'est aujourd'hui dimanche 20 septembre.

Hier je n'avais pas daté ma carte.

Je crois bien que je ne pourrais pas écrire de sitôt.

J'ai été pour aller à la messe ce matin

mais elle finissait comme nous arrivions.

Notre lieutenant a récité le chapelet, nous l'avons répondu en choeur.

Comme nous avions le canon et la fusillade qui ne cessent de jour comme de nuit.

La terre en tremble.

Le frère de Mr de Montaigon nous a quitté hier soir avec un détachement de 120 hommes.

Je crains bien qu'il n'est eu dès cette nuit à se battre car il y a eu plusieurs assauts.

 

Reims a brûlé toute la nuit l'ennemi a mis le feu à la cathédrale (4).

 

L'incendie nous éclairait, maintenant j'ignore comment ça va se passer mais ça ne va pas

vite depuis huit jours.

 

Nous nous trouvons sur le canal de la Marne... entre les camps de Châlon et de Reims.

 

Cette nuit la fusillade n'a pas cessé et aujourd'hui le canon tonne sans interruption.

Je crois que si cela dure un mois ou deux il n'y aura plus d'infanterie.

On tombe comme des mouches sous les obus et la mitraille l'ennemi est pareil.

Le froid commence à se faire sentir le vent est très dur et l'eau tombe toujours.

 

Hier soir j'ai vu Ménard de St-Rémy qui travaillait chez Jouen. Il est infirmier et il n'est

pas malheureux.

Quand à nous ne pouvons rien avoir même avec notre argent.

J'en ai pas mal encore, j'aimerais autant en avoir moins puisque je ne peux pas m'en

servir.

 

Depuis plusieurs jours j'ai la diarrhée mais il y en a beaucoup comme moi et à entendre

cette musique-là il y a bien de quoi l'avoir.

 

Rien de plus pour aujourd'hui.

 

Vous souhaiterez bien le bonjour de ma part à tonton et tante Boistault ainsi qu'à Billon

aux parents aux amis à Marie Pauvert et à sa mère.

 

Bons baisers et bons souvenirs à tous.

 

Pensez à moi. Je pense toujours à vous.

 

Votre fils qui pensera toujours à vous jusqu'à la mort.

 

Clemenceau Joseph.

 

21 septembre 1914 (cachet de la carte).

 

Bien chers Parents,

 

Je vous envoie quelques lignes seulement. Demain se prépare un grand jour.

Beaucoup y resteront. Espérons toujours. Ne vous faites pas de chagrin.

Je pars avec votre souvenir.

Gardez moi le vôtre.

Je ne serais peut-être pas tué.

J'ai l'espoir et l'espérance de vous revoir.

 

 

Nous avons trois corps d'armée contre nous.

 

A l'heure où vous recevrez cette carte la partie sera jouée.

 

Bon courage à tous aux parents et aux amis.

La partie sera chaude sans aucun doute.

Enfin nous nous sommes tirés jusqu'à cette heure.

Peut-être nous tirerons nous jusqu'à la fin.

 

Au revoir chers parents et amis.

Je ne vous écrirais plus d'ici que cela soit terminé car nos lettres ne vous iraient pas.

Pensez toujours à moi.

 

Votre fils tout dévoué qui vous embrasse de tout son coeur pour toujours.

 

Joseph Clemenceau

 

Bien chers parents

 

Je vous écris comme je vous l'ai promis tant que je pourrais écrire deux mots ce sera une

consolation pour moi et pour vous aussi j'espère.

 

C'est aujourd'hui le 23 septembre 1914 j'ai dormi toute ces nuits-ci dans les tranchées et

aujourd'hui nous reprenons l'offensive.

 

Cela va coûter cher mais enfin il en reste toujours quelques uns je serais du nombre peut-

être si je suis blessé pas trop tant pis (5).

Je pense toujours à vous ainsi qu'à tout le monde et surtout à mon frère.

Je vous souhaite bon courage...et bonne santé.

Je suis bien fatigué mais il y en a qui le sont encor davantage.

Je termine avec l'espoir que nous nous embrasserons tous un jour à Montrevault.

 

Bonjour à tous.

 

Votre fils qui ne vous oubliera jamais.

 

Joseph Clemenceau

 

(1) "Notre" canon de 75 est fabriqué à plus de 20.000 exemplaires.

En 1918, il en sort 25 pièces par jour et 230.000 obus.

Voir p.31, le livre très illustré de François Bertin "14-18, La Grande Guerre" Ed.Ouest-France 2006).

 

(2) Joseph envoie cette carte qui représente la grande salle (XIIè siècle) du musée de

l'ancien êvéché d'Angers.

 

(3) Concernant le frère de Joseph, Louis :

-Voir sa rubrique "Guerre mondiale (1ère) : le 79e R.I".

Louis est un "miraculé", échappant le 20 août 1914, au massacre de la Bataille de

Morhange (Lorraine), à Lidrezing. Il devient un "Kriegsgefangener" (prisonnier de

guerre) à Stuttgart tout le temps de la guerre. Il est rapatrié le 14 décembre 1918.

Il est décoré des plusieurs médailles (Registre matricule Cholet, 1913, n° 1132, archives en ligne du 49) :

- Médaille de Evadés... avec citation à l'ordre du régiment "Fait prisonnier, a tenté de s'évader, a été arrêté au moment où il s'apprêtait à franchir la frontière et a encouru de ce fait une punition grave".

- Croix de guerre, étoile de bronze.

- Médaille militaire.

- Chevalier de la Légion d'honneur.

 

(4) Le 19 septembre, la cathédrale de Reims est touché par les bombardements.

Voir http://catreims.free.fr ou "sites préférés".

 

(5) Trois plus tard, le 26 septembre 1914 Joseph Clemenceau est finalement blessé

quand les Allemands tentent de reprendre le village de Prosnes dans la Marne. 

Il rejoint alors l'hôpital temporaire n° 33 de Nuits-Saint-Georges en Côte d'Or

 

- Article dans la rubrique "Guerre mondiale (1ère) : le 135e R.I (2)".

Commentaires (7)

Pasquier+Jean-Luc+ le 30/01/2014
Bonne idée d'avoir publié ces lettres. Autant de cris qui continuent de nous interpeller aujourd'hui! Comment ont-ils pu tenir face à un tel cauchemar?


clemenceaudupetitmoulin le 30/01/2014
Les deux frères Clemenceau étaient aux premières loges (!). Ils s'en tirent plutôt bien. Ils passeront au travers de ce cataclysme. On peut imaginer l'angoisse des parents en recevant les cartes de leur fils Joseph au front et celles de Louis qui est maintenant prisonnier !

http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net


Rose+l'Angevine le 30/01/2014
Bonne idée effectivement d'avoir publié ces lettres du début de la guerre, à ce moment on croyait encore à une fin prochaine de la guerre ? Pas sûr, l'auteur Clémenceau lui laisse transparaître sa peur, son angoisse de la mort, même s'il demande des nouvelles de l'arrière et parle des vendanges qui ne devraient pas tarder à débuter.


clemenceaudupetitmoulin le 17/02/2016
Concernant le 26 septembre 1914...

http://themasq49.free.fr/index_fichiers/1418/pere/Album_mon_pere_91.h tm
http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net


clemenceaudupetitmoulin le 17/02/2016
En rapprochant (à la fin) le "h" du "tm"...ça marche !
http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net


clemenceaudupetitmoulin le 21/04/2017
http://www.carto1418.fr/target/anim-marne.html
http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net


clemenceaudupetitmoulin le 03/02/2019
Sur l'incendie de la cathédrale de Reims, le 19 septembre 1914 :

https://reims1418.wordpress.com/2014/07/29/jusquau-11-novembre-expo-sur-lin cendie-de-la-cathedrale/



http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net


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